Bernard Lacombe, joueur indispensable en Bleu

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L'histoire de l'attaquant en Équipe de France

Parfois critiqué, Bernard Lacombe parviendra à se montrer aussi utile qu'insdicutable en Équipe de France. 

Critiqué mais indispensable !

A l’âge de 21 ans, Bernard Lacombe est pour la première fois sélectionné en Équipe de France « A ». Il obtient là un beau cadeau de « majorité », puisqu’il n’est majeur que depuis le mois précédent. Et en ce samedi 8 septembre 1973, l’attaquant de l’Olympique Lyonnais effectue ses grands débuts en amical, face à la Grèce, au Parc des Princes. Stefan Kovács, nouveau sélectionneur en poste depuis août, mise sur ce jeune joueur, qu’il promeut titulaire, devant plus de 30 000 spectateurs et dans un système de jeu en mode « 4-3-3 ».

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À ses côtés se trouvent Marc Molitor et Christian Sarramagna. Un cran en-dessous, ce sont Georges Beretta et Serge Chiesa – son coéquipier à l’O.L. –, notamment, qui sont à la baguette. Et le garçon ne tarde pas à se mettre en évidence, puisqu’il permet à Roger Jouve d’ouvrir la marque des vingt mètres, dès la 9e minute de jeu ! Au final, les siens l’emportent sur le score de 3 buts à 1 avec, ironie du sort, une réalisation de Marc Berdoll (59e), buteur deux minutes après son entrée en jeu, à… sa place ! Chiesa (72e) et Kostas Aidiniou (66e) parachevant l’œuvre…

Un doublé pour une deuxième !

L’aventure est donc bien lancée pour lui, qui plus est lorsque, à l’occasion de sa deuxième apparition, il inscrit son premier but. C’est le samedi 27 avril 1974, à Prague, lors d’un Tchécoslovaquie-France ; toujours en amical et en « 4-4-2 », cette fois-ci. Chiesa score d’entrée (7e) et notre homme double la marque à la 28e minute (0-2). Et sur « reprise en retourné », comme  l’on dit alors ! Rejoints par leurs hôtes en deux minutes (pat Ján Pivarník, 33e et Přemysl Bičovský, 34e), les Tricolores renouent avec l’avantage, de nouveau par Lacombe, qui reprend en deux temps un centre de Beretta rabattu par Chiesa (72e). Antonin Panenka égalisera en fin de match (86e), et l’on s’arrêtera là (3-3) ! Après ce premier doublé, il honore encore deux « caps » la même année, puis plus rien jusqu’en 1976 ! Pas d’Euro 1976 non plus ni de Mondial 1974… La France n’étant de toute façon pas qualifiée pour ces compétitions-là !

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Le retour en grâce s’effectue avec l’arrivée au poste de sélectionneur de Michel Hidalgo. Lacombe inscrit en Bulgarie, le samedi 9 octobre 1976, le second but des siens, dans un match nul (2-2) comptant pour la qualification à la Coupe du Monde 1978, en Argentine. C’est le deuxième match pour lequel il est appelé, et le premier but d’une série de dix, sous l’ère Hidalgo. Dans une carrière qui en comportera 12 au total, en 38 sélections ! Au fil de celles-ci, jusqu’au Mondial sud-américain, il évolue avec des joueurs à vocation offensive tels que Jean-Marc Guillou, Henri Michel, Olivier Rouyer, Didier Six, Jean Gallice, Dominique Rocheteau, Loïc Amisse, Omar Sahnoun, Patrick Revelli, Bernard Zénier, Jacques Atre « Zimako », Christian Dalger ou Albert Gemmrich, notamment.

38 secondes et c’est au fond !

Au cours dudit tournoi, lors du premier match du Groupe 1, le 2 juin 1978 face à l’Italie (deux fois championne du monde) du grand Dino Zoff, lui qui est titulaire indiscutable – et pourtant discuté – marque l’un des buts le plus rapide de l’histoire du tournoi (dont la première édition s’est tenue en 1930). En effet, c’est à la 38e seconde de jeu qu’il expédie le cuir, de la tête, au fond des filets du gardien de la Juventus Turin F.C. ! Un véritable exploit qui ne suffit toutefois pas à l’emporter (défaite 2-1) à Mar del Plata. Le deuxième rendez-vous, le 6 juin, est l’occasion de livrer bataille au pays organisateur, à Buenos Aires (Stade Monumental), devant plus de 77 000 personnes. Dans un contexte de dictature militaire oppressant, les Bleus reviennent à 1-1 grâce à Platini (60e), qui bénéficie d’un bon travail de la part du Lyonnais. Mais « l’Albiceleste » de Daniel Passarella et Mario Kempes s’impose (2-1), et élimine mathématiquement les Français. L’ultime rencontre se solde par une victoire des partenaires de capitaine Marius Trésor, face à la Hongrie (1-3), mais sans Lacombe, laissé au repos. L’Argentine glane-là sa première Coupe du Monde…

Le 2 mai 1979, peu avant de rejoindre les Girondins de Bordeaux, le « renard des surfaces » claque un « hat trick » en moins de quarante-cinq minutes (8e, 14e et 37e minutes), en amical, aux États-Unis d’Amérique. Face aux représentants de la nation à la bannière étoilée, les Tricolores gagnent 6-0, sur une pelouse artificielle…

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« Attaché » à l’Équipe de France

Lacombe s’éclate avec Hidalgo, et il va bientôt s’épanouir avec Aimé Jacquet. Sa saison passée au sein de l’A.S. Saint-Étienne ne s’étant pas déroulée comme souhaité, il pose donc son bagage en Gironde, à l’intersaison 1979. Il compte 18 sélections lorsqu’il débarque dans le port de la Lune. « Je suis attaché à l’Équipe de France, surtout depuis que Michel Hidalgo s’en occupe. Le plus beau souvenir de ma vie, je le dois l’Équipe de France, puisqu’il s’agit de la Coupe du Monde. (…) C’est quelque chose d’inoubliable. Cependant, ce n’est pas l’éventualité d’avoir à abandonner cette équipe qui m’a fait partir de Saint-Étienne. J’ajouterai que si j’ai été avant-centre de l’Équipe de France, ce n’est ni grâce à (Robert) Herbin ni grâce à (Pierre) Garonnaire. En revanche, si je ne l’avais pas été, cela aurait été à cause d’eux. » Fermez le ban ! Amertume tenace, rancœurs, regrets, Lacombe livre dans le numéro du 31 juillet 1979 de France Football, son sentiment profond. Car le passage chez les Verts l’a meurtri et la volonté de tourner la page et de se relancer ailleurs, dont en Gironde, est clairement redevenu son objectif premier. Tout en conservant le cher souhait de rester chez les Bleus et de disputer, de nouveau, des tournois majeurs. 

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C’est donc le pari de la résurrection, en club, dans une structure qui nourrit elle aussi de sérieuses ambitions sportives. L’âge d’or de l’entité au scapulaire va coïncider avec celui de l’international…

Sous la direction de Claude Bez et le recrutement avisé de Didier Couécou, Bordeaux commence à faire parler de lui ; le football qu’il pratique et les résultats encourageants progressivement obtenus en sont le vif témoin. En parallèle, la France ne se qualifie pas pour l’Euro 1980, en Italie. Les Marine et Blanc font plutôt bonne figure sur la scène européenne, quand se profile le Mundial espagnol. Lacombe fait partie des vingt-deux qui se rendront de l’autre côté des Pyrénées. Il y retrouvera Alain Giresse (partenaire de sélection depuis mars 1981), Marius Trésor, René Girard, Jean Amadou Tigana et Gérard Soler, ses coéquipiers bordelais. En attaque, Bruno Bellone et Alain Couriol l’épauleront, comme ils le feront pour Rocheteau, Six et donc, Soler.

« On s’est euphorisé »

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En Espagne, le Girondin ne participe pas au premier match du Groupe 4, Angleterre-France (le 16 juin), remporté par les joueurs d’outre-Manche (3-1), mais sera titulaire lors des deux suivants (les 21 et 24 juin) : face au Koweït (4-1) et la Tchécoslovaquie (1-1). Lors du second tour, le 28 juin, il dispute la première rencontre du Groupe D et bat l’Autriche (0-1). Le deuxième et dernier match, face à l’Irlande du Nord (victoire 1-4), sera sans lui, tout comme la sinistre demi-finale suivante, que les Français perdront face à la République Fédérale d’Allemagne (3-3, 4 tirs au but à 5). Depuis, les regrets font place aux souvenirs, comme il le confiait à Girondins Mag, en septembre 2012. « Je n’ai pas joué face à l’Allemagne car je m’étais blessé contre l’Autriche, après m’être aussi blessé contre la Tchécoslovaquie, sur le but marqué par Didier Six (sur lequel il était impliqué, NDLR). J’ai senti un petit truc derrière la cuisse. J’ai sauté le premier match contre l’Irlande et joué le deuxième contre l’Autriche, à Vicente Calderón (à Madrid) puis, au bout de quinze minutes, j’ai de nouveau ressenti un truc derrière, et… terminé ! Il est vrai qu’à ce moment-là, avec l’expérience que l’on aurait pu avoir grâce à tous nos joueurs de qualité… Mais d’un seul coup, on s’est un peu euphorisé, je pense. (…) On s’est dit qu’à 3-1 on allait se qualifier, et que le dimanche, on allait jouer la finale de la Coupe du Monde… C’est un évènement extraordinaire. Puis, les autres sont restés dans le match… Après, c’est vrai que c’est compliqué quand on est spectateur, mais on participe quand même, parce que c’est un tel évènement que… En plus, on était avec plusieurs bordelais… »

Champion d’Europe

Les prochaines échéances pour lui seront marquées par un retour en 1984, après une année 1983 vierge de toute sélection. Et c’est le mercredi 28 mars qu’il revêtira la tunique ornée du coq, en amical, face à l’Autriche, au… Stade Municipal de Bordeaux ! En compagnie de Giresse, promu capitaine chez lui, Patrick Battiston et Jean Tigana ! Pour une victoire 1-0, annonciatrice de belles perspectives… Car c’est l’Euro qui arrive, en France.

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Le 12 juin, Lacombe est titulaire et victorieux face au Danemark (1-0), et le 16 face, à la Belgique (5-0). Le 19, il manque le dernier match du Groupe 1 face à la Yougoslavie (victoire 3-2), mais revient pour la demi-finale face au Portugal de Fernando Chalana, le 23 juin, à Marseille (3-2, après prolongation). Puis, il termine sa carrière internationale en apothéose, face à l’Espagne, en finale, au Parc des Princes, le 27 juin. Avec ses amis aquitains, il terrasse l’Espagne (2-0), dans ce qui restera comme le premier titre national des Bleus, en football. Il sera remplacé à la 80e minute par Bernard Genghini, mais aura auparavant obtenu la faute qui permettra à Platini d’inscrire, sur coup franc, le premier but de la soirée (57e) ; à un certain gardien de but bien malchanceux nommé Luis Arconada… Bruno Bellone signant le deuxième et dernier but (91e)… Champions d’Europe !  

« Winner de l’année »

Champion de France avec Bordeaux, recordman français des buts en Division 1, vainqueur du Championnat d’Europe des Nations, et très en vue dans le parcours européen des Girondins : l’attaquant est au top. Une juste récompense, mise en valeur par le magazine Mondial, en décembre 1984. « Il apparaît parfaitement plaisant que l’un des winners de l’année 84 soit aussi l’un des plus chics types et partenaires que l’on connaisse : Bernard Lacombe, gagnant sur tous les tableaux » écrit le mensuel. Lacombe, qui a souvent été utilisé comme titulaire par absence, ou par défaut, selon la vision des choses, a donc tiré un trait définitif sur près de onze ans en Bleus.  « Oui, cette fois, c’est fini, je ne jouerai plus en Équipe de France. J’ai fait mon temps. J’ai tout de même participé à deux coupes du Monde et à l’Euro 84. J’en garde de bons souvenirs. Je reconnais que dans mon rôle de buteur, je n’ai peut-être pas donné entière satisfaction, mais il me semble malgré tout que je me suis beaucoup sacrifié pour la collectivité, notamment pour les milieux de terrains, qui ont su en profiter. Je regrette une peu le manque de confiance préjudiciable que l’on fait aux avant-centres. Pourtant, qui peut dire que ce n’est pas le poste le plus ingrat à tenir ? Je souhaite que l’on se montre plus tolérant, plus patient, plus compréhensif avec les jeunes. (…) »

Sensibilité à fleur de peau, humilité, don de soi, sens du sacrifice, la critique n’a jamais réellement cessé de coller à ses basques. Michel Platini, ami, milieu de terrain créatif et organisateur, marquait plus de buts que lui ; raison suffisante pour qu’on lui reproche – à tort – son manque de rendement ! Pour autant, le numéro 10 des Bleus marquait aussi grâce à Lacombe. Et inversement…  Comme beaucoup d’autres, à côté de lui, finalement…

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Son palmarès en équipe de France

Vainqueur de l’Euro 1984
Quatrième de la Coupe du Monde 1982
38 sélections, 12 buts, entre 1974 et 1984.